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Identité Radio Martinique La radio Péyi
Mix Party By Deejay BULLS Deejay Bulls
Est-ce que notre seule technique pour lutter contre le racisme, c’est de diaboliser le RN ? Je vais tenter dans un texte plutôt court d’expliquer pourquoi diaboliser le RN, ce n’est pas suffisant.
Parce que c’est une espèce de formule magique qui sert à simplifier une situation hyper complexe. De quoi parle-t-on quand on dit : « il ». Que signifie concrètement « retourner » et de qui parle-t-on vraiment quand on dit « l’Afrique » ? C’est flou ! C’est hyper vague et pourtant on sait tous instinctivement, ce que ça sous-entend. On l’a déjà entendu dans beaucoup de discussions en famille, à l’école, au travail.
Elle fait référence à tout un imaginaire qui existe en France depuis la fin de la colonisation. Mais quel rapport avec la colonisation ? À l’époque coloniale, la France exploitait des ressources dans ses colonies en Afrique, en Asie, en Océanie. Elle envoyait des colons un peu partout dans le monde, mais elle empêchait les colonisés de circuler et donc de venir en Europe.
C’est une des bases de la colonisation, les ressources circulent, mais les gens sont bloqués sauf les colons et quelques colonisés qu’on utilise pour le travail ou pour l’armée. Dans les années 1950 à 1960, la colonisation étant impopulaire, la France modifie sa politique de circulation. Elle établit la citoyenneté impériale au sein de l’Union française. Officiellement les Africains et autres colonisés pouvaient circuler dans tout l’empire, y compris dans les métropoles, car ils possédaient des passeports français. Ça convenait à tout le monde, à cette époque, on avait besoin d’eux pour travailler en Europe. Mais après les indépendances, à partir de 1974, le gouvernement de Giscard d’Estaing met en place des politiques d’immigration.
Les anciens colonisés ne peuvent plus circuler et en même temps il y avait une crise économique. Les Français se sont sentis précaires depuis la perte de ce qui faisait la fierté et la grandeur de la France, l’empire colonial. C’est dans le contexte postcolonial des années 1970 que les Français ont commencé à se dire, OK ! Ils ont voulu de leur indépendance, qu’ils retournent en Afrique au lieu de venir nous prendre notre travail et nos allocs. De telles phrases seront répétées par un parti comme le front national, qui est fondé, par coïncidence, par des ex-soldats de la guerre d’Algérie, particulièrement vexée.
Dans la défaite coloniale, il y a une chose importante à dire avant de les diaboliser. Les gens du front national, ils n’étaient pas seulement en colère de perdre la colonie, ils se sentaient aussi trahis par le reste des Français, y compris les gens de gauche qui ont bien profité de l’empire puis se sont retournés et ont dit finalement que la colonisation c’était mal. Le racisme est odieux. Les colons sont des méchants. On fait comme si la France c’est le pays des Lumières et des droits de l’homme. La gauche qui n’assume pas son histoire coloniale, alors que Mitterrand, par exemple, était ministre des colonies pendant la guerre d’Algérie. Je simplifie, mais vous voyez que pour comprendre ce qui est raciste dans cette phrase, il faut faire un vrai travail de mémoire sur la manière dont a été gérée la fin de la colonisation.
La colonisation a imposé le français à un grand nombre de pays africains. En plus, l’éducation, l’histoire et la politique de ces pays sont grandement influencées par la France. C’est, en toute logique, que les candidats à l’immigration cherchent à atteindre la France plus tôt que la Norvège ou la Bulgarie. Chaque ancienne métropole coloniale se retrouve avec une forte immigration issue de son histoire coloniale : le Royaume-Uni avec la communauté indienne, l’Espagne avec les latinos américains, la France avec les Algériens.
Il est facile pour un Français, même noir, d’aller en vacances en Côte d’Ivoire, puis au Sénégal ; dans le sens inverse, il est quasiment impossible à un Sénégalais de choisir d’aller à l’étranger, surtout en France. Et s’il y parvient, il aura intérêt à tout faire pour rester en France puisque c’est peut-être la seule fois qu’il aurait cette opportunité. Alors là, on se rend compte que la liberté des anciennes métropoles coloniales est largement supérieure à celle des anciennes colonies, et c’est le résultat des règles internationales qui ont été créées par les anciennes métropoles coloniales. Donc c’est une boucle infinie qui reproduit la domination coloniale malgré les indépendances, et c’est toute cette histoire qu’on essaye d’effacer et de simplifier quand on dit qu’il retourne en Afrique comme si c’était facile.
L’Afrique, c’est un immense continent avec plus de 50 pays. Les migrants sur ce bateau, dont il est question, sont plutôt soudanais, maliens, etc. Alors pour quoi dire africain ? Quand on parle de réfugiés ukrainiens, on ne dit pas des Européens ; quand on parle de réfugiés ouïgours, on ne dit pas des Asiatiques, etc. Le fait de citer précisément l’origine des réfugiés, c’est un moyen de les humaniser. On comprend d’où ils viennent et pourquoi ils sont partis. On comprend qui les opprime et on entre en empathie avec eux.
Quand il s’agit de noirs, on dit des Africains, ce qui nous empêche de comprendre la situation politique du Soudan ou bien l’insécurité au nord du Burkina Faso… On a du mal à les humaniser et on les renvoie seulement à leur couleur de peau des Noirs d’Afrique. C’est encore une stratégie pour simplifier une situation complexe et éviter d’assumer ses responsabilités par rapport à l’état actuel de l’Afrique. Et c’est pour éviter d’entrer dans toute cette complexité que la classe politique française se contente de diaboliser le RN et s’affiche comme des supers antiracistes.
Mais c’est précisément ce genre de récupération politique en surface qui nous empêche de déployer de véritables moyens pour lutter contre le racisme qui circule toujours dans la société française.
Des références pour approfondir : la politique d’immigration en France de 1974 à 1983 — dossier pédagogique qui est disponible sur la plateforme de l’uni. L’exception et la règle écrit par Olivier Lecourt Grande maison. Le livre français et africain, être citoyen au temps de la décolonisation de Frédéric Cooper.
Pour rappel : Lors de l’intervention de l’élu Insoumis Carlos Martens Bilongo sur le « drame de l’immigration clandestine », le député RN Grégoire de Fournas, a lancé dans l’hémicycle « retourne en Afrique » De nombreux députés se sont alors rassemblés devant le perchoir pour exiger une réaction de la présidente.
Écrit par: Tdy
A l'heure où l'atlantique dort, nos frères de la Réunion se réveillent . et quoi mieux que les meilleurs hits de nos péyi (paï) pour se réveiller ? Bonjou, koman i yé ? Bon réveil avec Identité Radio
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Maïa sur 14 novembre 2022
Bonne analyse